Après avoir passé en revue injonctions publicitaires, désencombrement et mutualisation, voici la quatrième piste pratique pour vivre plus simplement en refusant la surconsommation : acheter moins.
Si vous avez commencé à mutualiser et que vous réussissez à esquiver les injonctions publicitaires, vous devriez normalement parvenir à acheter moins de choses, en particulier des objets neufs. Diminuer ses achats neufs est bénéfique pour l’environnement puisque cela permet d’éviter l’extraction de nouvelles ressources naturelles, d’économiser de l’eau et de l’énergie, et de produire moins de déchets. Mais comment combler nos besoins matériels sans acheter neuf ?
Première stratégie : ne pas acheter (et faire avec ce que l’on a !)
La première stratégie pour moins acheter neuf est tout simplement de ne pas acheter du tout ! Dans bien des situations, reporter un achat à plus tard nous permet de nous rendre compte qu’il ne correspondait absolument pas à une nécessité.
Pour éviter un achat non indispensable, voici quelques astuces :
- Évitez de vous rendre dans un magasin (ou un site de e-commerce) sans liste précise de besoins… Contentez-vous du ou des rayons correspondant à un achat prévu et réfléchi. Vous vous abstiendrez ainsi de bon nombre d’achats compulsifs indésirables.
- Interrogez votre besoin : en ai-je vraiment besoin ? Dois-je nécessairement l’acheter immédiatement ? Quelle sont les conditions de fabrication de cet objet ? Puis-je faire autrement ? En prenant en compte les conditions de fabrication de vêtements qui me plaisaient ou en remettant à plus tard l’achat d’un jouet pour mes enfants, j’ai plusieurs fois évité des achats totalement inutiles.
- Réparez : il arrive fréquemment que l’on achète pour remplacer un objet cassé. Or, bien souvent, l’objet est réparable, moyennant l’aide d’un “repair’ café”, d’un site internet de soutien au diagnostic de panne comme Spareka, ou toute autre aide que vous trouverez. Une année, nous avons pu éviter l’achat de nouvelles fixations pour mon snowboard grâce au remplacement d’une simple pièce en plastique : la pièce ne se trouvant pas dans le commerce, nous avons demandé à mon beau-frère de nous la dessiner par ordinateur (c’est son métier), puis nous avons envoyé le modèle à une entreprise d’impression 3D. Les fixations sont maintenant tout à fait fonctionnelles, pour seulement quelques euros et beaucoup de ressources économisées.
- Essayez de vous passer de cet achat, recherchez une autre manière de faire. Parfois, l’utilisation de matériaux que vous possédez déjà vous permettra de fabriquer ce dont vous avez besoin. Avec une machine à coudre par exemple, on peut répondre à beaucoup de besoins !
Transformer / fabriquer au lieu d’acheter…
Dans la catégorie “Fabriquer”, il existe d’ailleurs beaucoup d’opportunités correspondant au “Réutiliser” de la règle des 5R, voici quelques exemples de fabrications relativement simples que vous pouvez mettre en œuvre :
Avec… | On peut fabriquer… |
Des collants maillés | Une éponge type “tawashi”, un sac à chutes de savon |
Un drap déchiré | Des mouchoirs lavables, des couvre-plats, des sacs à vrac |
Un tee-shirt d’enfant trop petit | Un petit sac |
Des palettes | Un sapin de Noël en bois, des meubles de jardin, un coffre, etc |
Des papiers et cartons de récupération | Des supports pour les activités d’arts plastiques des enfants |
Des tissus souples | Des emballages de cadeaux |
Si la récupération et la fabrication vous intéressent, il y a sur internet une multitude d’idées. Dans beaucoup de villes, des associations type recycleries font preuve d’une grande créativité pour redonner vie à des objets et matériels usagés. Par exemple, se trouve près de chez nous une recyclerie qui fabrique du mobilier d’intérieur pour les professionnels et les particuliers à partir de matériaux recyclés. Cette recyclerie anime également des ateliers de fabrication de meubles et de réparation de vélos, en partenariat avec une autre association. Ce type d’initiatives fleurit un peu partout en France. Avec les idées trouvées sur internet ou dans les livres, il y a donc largement de quoi alimenter votre créativité et votre savoir-faire dans le domaine de la fabrication et de la récupération.
Deuxième stratégie : emprunter, louer, acheter d’occasion
La deuxième stratégie, lorsque vous avez vraiment besoin d’un objet spécifique, est de vérifier si votre besoin peut être comblé par un emprunt, une location, voire un achat d’occasion. Pour un emprunt, vous avez la possibilité de procéder “à l’ancienne”, en lançant un appel dans votre réseau amical et familial, voire auprès de vos collègues. Pour la location, vous pouvez utiliser un site internet spécialisé dans la location entre particuliers ou vous adresser à des professionnels, en fonction de votre besoin : location de voiture, de déguisements, de robe de mariée, de gros matériel de jardinage ou travaux, etc. Avant d’acheter et si votre besoin est ponctuel, renseignez-vous bien sur l’offre locative dans votre secteur.
L’achat d’occasion constitue une autre alternative intéressante qui a le potentiel de vous dépanner dans un grand nombre de cas, et pour moins cher qu’un achat neuf. Là aussi, la multitude de sites internet de vente entre particuliers vous facilitera les démarches, à moins qu’il y ait près de chez vous une offre conséquente d’objets d’occasion dans des commerces spécifiques.
Que vous optiez pour l’emprunt, la location ou l’achat d’occasion, vous vous en sortirez toujours mieux en termes de démarche “zéro déchet” avec ce type de stratégie plutôt qu’avec un achat neuf.
Éviter le neuf, tout un défi !
J’ai bien consciente qu’éviter un achat neuf constitue souvent un défi, surtout lorsque l’on recherche un objet très particulier. La réparation peut-être complexe, la fabrication pas à la portée de tous, et les offres de location ou d’achat d’occasion limitées. Il arrivera forcément que vous n’ayez pas d’autre choix que d’opter pour du neuf. Pour renouveler des ustensiles comme des poêles ou des couteaux de cuisine par exemple, difficile de faire l’impasse sur du neuf !
Cependant, pour vous encourager dans votre démarche de réduction des achats neufs, je vous suggère de participer à une initiative comme le défi “Rien de neuf”. Initié par l’association Zero Waste France, ce défi incite ses participants à diminuer leurs achats d’objets neufs. Chaque participant est invité à inscrire dans son espace personnel les différents achats effectués, en précisant leur nature et si c’était du neuf, de l’occasion ou un achat évité. Pour chaque achat évité ou d’occasion, un calcul est effectué pour indiquer la quantité de ressources naturelles économisées en évitant le neuf.
Quelle ne fut pas ma surprise en apprenant qu’en réparant mon smartphone plutôt qu’en en rachetant un neuf, j’avais contribué à économiser 183 kg de ressources naturelles ! Pour un jean acheté d’occasion, ce sont 49 kg qui sont épargnés. Le gros lot est remporté par l’ordinateur portable : un achat évité ou d’occasion correspond à 836 kg de ressources économisées… En plus d’être encourageants pour poursuivre la démarche, ces chiffres nous aident à nous rendre compte de ce qui se cache derrière des habitudes de consommation débridées. Pour aider ses participants, le défi Rien de neuf partage des alternatives possibles au neuf, dans divers domaines de consommation.
Au premier abord, toutes ces suggestions pourront vous sembler compliquées à appliquer. Mais le but est bien de s’éloigner de la surconsommation, et donc d’acheter moins ! Au final, une fois de nouvelles habitudes prises, cela vous semblera plus évident : acheter moins = vivre plus simplement !